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Digital digest

Ce qu'on retient de l'AdWeek 2022

Posted by:Lucile Gouvernel

Head of Strategy

Posted by:Nesem Ertan

Creative Strategist

Lucile et Nesem ont assisté à l’Advertising Week 2022 de Londres. Elles en ont ressorti 4 grands thèmes clés :

  1. Expériences digitales et métavers
  2. Inclusion et diversité
  3. “Brand purpose” et RSE dans une stratégie de marque
  4. Nouvelles dynamiques communautaires.

La retranscription de leurs échanges est disponible plus bas dans l'article.

Ces dernières années, les marques ont surtout beaucoup parlé d’elles-mêmes en tentant de créer leurs propres communautés. Aujourd’hui elles doivent intégrer le tissu de communautés existant avec pertinence et humilité. Et là, les agences ont un rôle d’entremetteur à jouer.
Lucile Gouvernel - Head of Strategy - Vanksen

Le premier point qui nous a inspirées était d'entendre le patron de Ford qui racontait le fait que désormais les consommateurs vont comparer toutes leurs expériences digitales par rapport à l'industrie et donc dès qu'ils vont avoir une belle expérience sur une plateforme, ça va devenir une norme dans leur esprit et donc les marques sont obligées de faire des benchmarks intersectoriels pour pouvoir s'assurer de ne pas frustrer leurs utilisateurs ou audiences. Et c'est un peu l'histoire du scroll ou du swipe, finalement ça devient une norme standard d'usage qui a été imposée par un acteur mais finalement qui s'applique ensuite à tous les secteurs d'activité. Le scroll ça vient de Facebook, le swipe vient de Tinder et pour autant ça s'applique à plein d'autres domaines d'activité que les rencontres.

Désormais que l'on vienne d'acheter son lit sur IKEA ou qu'on s'apprête à acheter une voiture sur le site de Ford, on veut absolument retrouver nos habitudes d'utilisation, d’user friendliness et donc vraiment les mondes commencent à se croiser. Et finalement, l'absence de frontières et l'absence de dissociation entre un univers et un autre c'est aussi une attente qui est hyper forte est liée à l'avènement du méta justement.

Il y a notamment des acteurs comme "Ready Player Me", je crois, qui lâche ce mot-clé hyper fort de l'interopérabilité. C'est vraiment latent dans le méta, dans le méta et tous ces nouveaux univers auxquels on va accéder, de se dire "finalement de l'un à l'autre je peux avoir une expérience, un produit, un avatar, une personne, une personnalité qui soit la même partout" ou par exemple je m'achète une paire de sneakers Prada sur Roblox, j'ai gagné au loto, du coup je vais pouvoir l'utiliser aussi bien dans un jeu que dans un méta et peu importe la plateforme, le support, ma paire de Prada m'appartient. Donc ça c'est une constante de l'individu, de l'avatar et de la personnalité qu'on va pouvoir transposer d'un monde à l'autre. Justement on parle de sneakers Prada, on parle de son chez soi dans Horizon, Tout ça, c'est quand même très lié aux émotions et donc quelque chose qui semblait très important aussi, c'était que tous les designers Meta mettaient tout le monde en garde et disaient que le métavers ce n'est pas censé être la continuité du web 2.0 ou de l'IRL (In Real Life). C'est vraiment un univers où les marques et tous les créateurs de contenus sont attendus sur l'émotionnel, sur de l'expression de soi, parce que finalement les exemples que l'on voit, même Zuckerberg, montrer tout le temps c'est des personnes à travers le monde qui arrivent à passer une après-midi ensemble à jouer, à vraiment partager.

C'est un lieu où on s'attend à voir du lien encore plus approfondi au niveau du relationnel. Et donc on nous dit dès maintenant "Mark pensait le design sensoriel, sonore, visuel de ces endroits parce que les personnes vont venir avec leur avatar augmenté passer du temps ensemble". On s'attend à ce qu'on puisse, dans le futur, bien voir leurs mimiques d'expression quand ils sont contents, quand ils jouent, quand ils rigolent et à savoir, on est encore un peu sceptique dessus, mais que les technologies haptiques vont aussi un jour permettre à ce qu'on puisse sentir le contact, le toucher etc. Donc vraiment, pensez émotions et expérience relationnelle quand vous allez designer pour le méta.

Il y a aussi des mises en garde par rapport à ça, de manière inclusive. Pour ne pas reproduire le biais et les programmes imitant pour ne pas reproduire les biais et les discriminations de la vie réelle. Que ce soit de genre, d'appartenance, de l'état... Ne pas reproduire ses biais dans le méta, il y a d'ores et déjà des créatrices et créateurs de contenu qui, véritablement, tentent de rendre cet univers plus divers. Par exemple il y a Ebonix, cette super créatrice de contenu et Twitcheuse et Youtubeuse qui a d'ores et déjà, elle-même créé des avatars et tout un tas d'équipements et d'accessoires pour les avatars de personnes et personnalités noires comme elle l'est. Et elle a toute sa communauté de créateurs spécifiques en se disant “Moi je suis arrivée dans cet univers-là, je ne me suis pas reconnu dans aucun des équipements et des avatars qu'on me proposait donc j'ai décidé de contrer ce biais et de créer moi-même du contenu là-dessus.”

On va vous parler de diversité et d'inclusion parce que c'était vraiment partout, partout, dans presque toutes les salles et toutes conférences qu'on a pu regarder.
Nous ce qu'on a envie de retenir parmi les points de vue qui étaient les plus incisifs et qu'on a trouvé vraiment porteurs de sens, c'était le fait de se dire que ces notions mêmes d'inclusion et de diversité, finalement, ont été pensés pour les autres par les blancs et donc la problématique est justement que dès lors qu'on parle d'inclusion, on parle d'un groupe central qui estime être aux normes et qui veut bien inclure les autres qui eux sont diverses. Donc il y a un changement à l'audition. Et c'est bien ça le problème avec tout ce vocabulaire, c'est effectivement ce qu'il évoque, il est par définition exclusif et permet donc plutôt que "inclusion" on va essayer de préférer la notion d'appartenance. Finalement, "appartenance" en soi ça évoque quelque chose de beaucoup plus intrinsèque. Ce n’est pas "On avait un cercle au départ, comme t'en étais exclu, mais comme on est sympa on t'a ouvert la porte." Là c'est inhérent à la communauté, c'est un état de fait que tu y appartiens. Donc c'est forcément beaucoup plus juste en terme du sens et je crois qu'il y avait une métaphore sympa... C'était Dionne Maxwell, elle est "Inclusion, belonging and talent manager" et en fait elle garde pour le moment le mot "inclusion" parce-que sinon les gens ne savent pas encore de quoi on parle. C'est que c'est tellement installé ! Mais finalement, elle a mis ce mot "belonging", elle donnait cet exemple en disant c'est comme si quand on parle de d'inclusion "on a une playlist musicale commune et maintenant, on veut bien que toi aussi tu écoutes une chanson." Donc pour elle, ça c'est l'inclusion alors que si on parle de "belonging" c'est plutôt dire "Viens toi aussi mettre tes chansons dans notre playlist et comme ça on aura une liste commune." Donc là en fait on ne dit pas "Vas-y toi t'es diverse" et d'ailleurs elle le dit très bien, elle dit "I'm not diverse, I'm a black woman". Donc en gros, dès lors que l'on va garder ces notions, on enferme des publics à toujours être l'autre, à toujours être celui qui est différent donc elle était très inspirante on vous invite à la suivre.

Justement, autre chose dont cette personne parlait et d'autres intervenants également. C'était plutôt que d'essayer de changer vos modes de recrutement, plutôt que de changer, de parler de quotas d'inclusion etc. En fait, la responsabilité que l'on doit tous prendre en tant qu'employeur, ou marque c'est plutôt de repérer, d'analyser nos systèmes pour voir où sont les bloqueurs. Donc si entreprises vous vous rendez compte qu'il n'y a pas assez de tel ou tel public dans vos rangs et qu'il n’y a pas assez de femmes, qu'il n'y a pas assez de personnes noires ou autres, plutôt allez analyser et comprendre pourquoi ces personnes ne parviennent pas, qu'est ce qui les empêche ? Est-ce que c'est vos messages qui sont mal rédigés ? Est ce qu'il y a des choses encore plus systémiques ? Et donc plutôt que d'avoir des quotas de X personnes dans votre CoDir ou X consommateurs dans vos X visages "diverse" dans vos pubs, essayez de comprendre comment on va pouvoir réparer le système.

Et donc en 2022, quand on a envie de pouvoir s'autoriser à prendre la parole sur ces sujets, on a le cas Mars qui était assez parlant parce que finalement Mars avait très envie de s'exprimer sur le "gender gap", de dire que les femmes n'ont pas les mêmes droits aujourd'hui en entreprise. Plutôt que de venir et de faire des campagnes publicitaires sur "Nous soutenons les femmes dans leurs droits", ils se sont dit en fait, on va prendre deux ans, on va faire des interviews avec dix mille femmes dont 1000 collaboratrices pour comprendre leurs besoins, leurs frustrations, qu'est-ce qu'il se passe… Et une fois qu'ils ont eu tous ces insights, l'entreprise s'est entourée et s'est connectée avec tous les acteurs légitimes qui sont déjà dans ces sous-thématiques là et se sont mis au service de ces acteurs là pour pouvoir aider la cause plutôt que de vouloir se mettre en route. Et il y a vraiment une posture qui est intéressante et que je trouve à la juste place là-dedans. En fait, c'est une posture d'humilité. On a pris conscience du fait qu'il y avait un problème, on a envie de le résoudre, mais ce problème il va concerner certaines minorités, qu'elles soient de genre, de race ou de handicap ou à d'autres thématiques, et de se dire ayant conscience du problème et ayant conscience que c'est d'autres qui en sont victimes aujourd'hui, on va les interroger, on va travailler avec le groupe. Et ça c'est une démarche à la fois d'humilité, et finalement, de justesse et de justice qui doit être au cœur pour prendre toute démarche toute initiative dans ce sens pour la valider, pour la rendre légitime il faut la construire non pas seulement pour, mais aussi par les personnes concernées.

Il y a cet exemple de Barbie qui revient régulièrement dans mes sujets et avec cette animatrice télévisuelle et radio du UK, Clara Amfo, qui a été sollicitée par Barbie pour créer une Barbie qui la représente. En l'occurrence c'est une personne noire, une femme noire et en fait c'est elle qui a réalisé sa propre Barbie pour que toutes les petites filles puissent se reconnaître en elle aussi. C'est elle-même qui disait qu'elle était triste jusqu'alors de ne pas pouvoir se projeter dans le personnage qu'elle a adoré dans son enfance. Et là, ce n’est pas Barbie qui dit "Tient on va créer une Barbie noire" mais donne l'occasion à cette femme de créer sa propre Barbie, la représentation qu'elle estime elle-même juste.

*RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)

Le point clé par lequel on voulait commencer c'était vraiment la notion de se dire qu'il faut se rappeler quand on est marque on n'est pas ONG donc je pense que le thème clé, en filigrane dans tout ce qu'on raconte c'est de militer.

Donc l'idée de dire on s'attend à ce que les marques n'attendent pas d'être parfaite pour agir, donc on a tous des responsabilités, notre monde est en train de changer à une grande vitesse, il y a beaucoup, beaucoup de besoins par rapport à plein de causes mais il faut éviter de tomber dans des causes washing, dans le green washing tout en sachant comment agir. Et c'est là qu'on a entendu quelque chose d'assez intéressant, c'était de dire vous n'êtes pas des héros mais vous pouvez être des coachs. Quand on dit "coach", on s'attend à ce que la marque puisse se mettre au service de ses consommateurs, audience et users qui, eux, veulent contribuer à un meilleur monde, qui veulent le changer qui veulent mieux consommer, avoir des durées de vie plus longue pour leurs possessions, équipements, etc. Et donc les marques peuvent les aider à devenir qui ils ou elles veulent devenir et c'est là que je pense que tu vas nous parler de cet auteur... Thomas Kolster, c'est un petit peu lui qui avait déposé, ou en tout cas démocratisé, une idée de "purpose" avec son premier bouquin il y a quelques années. Et en fait cette notion de "purpose" il en est énormément revenu. Aujourd'hui, son nouveau livre s'intitule "Purpose is a key word trap" donc cette notion de "key word trap" c'est ça, c'est de dire que des "purposes" c'est bien, c'est des grandes idées, des supers absolues, mais sans revendiquer en continu ça ne fait pas vraiment avancer les choses.

On a beaucoup répété, seriné que le "purpose" de marque, le "why", on a l'impression que c'est une dimension presque philosophique et totalement décorrélée de la réalité. Lui, aujourd'hui ce qu'il incite à faire, c'est vraiment de passer à l'action : c'est de se dire ok, on est une marque, on n'est pas une ONG mais légitimement en tant que marque, quel champ d'activité, quel champ d'action on a pour faire en sorte que les gens auxquels on s'adresse, auxquels on donne des produits etc. qu'on leur permette à eux de changer leurs actions, leurs activités et de devenir des meilleures versions d'eux-mêmes, donc il pousse à s'interroger sur le coût, qui on va faire évoluer et pour donner à ces personnes les moyens d'évoluer, de changer pour un monde meilleur. Donc il dit "arrêtons un petit peu avec le purpose" et il s'intéresse davantage à ce qu'on va appeler les "transformative brands" donc les marques qui ont vocation, qui se donnent la mission de transformer ou un peu comme des coachs qui vont te donner les clés de la réussite et du changement. Et finalement, par rapport au "purpose" même s'il en est revenu, il a cette métaphore assez marrante de dire "Mais aujourd'hui on en a soupé le "purpose" c'est comme les Pokémon en fait, tout le monde court après mais on ne sait pas pourquoi !" Donc c'est vrai que l'idée, au final, c'est qu'on veut tout mesurer, on veut mesurer l'adhésion de nos audiences, de nos consommateurs, à nos "purposes", on veut surtout mesurer le ROI mais au final c'est juste "Do the right thing" en fait. T'es une marque, t'es un produit ou service qui peut servir à des gens, regarde quelles sont ces audiences et ces publics et fait le au mieux en essayant de contribuer, en tant que communauté, à un monde meilleur. C'est vraiment "Do the right thing" plutôt que d'essayer de devenir un hero.

On a vraiment un cas emblématique qui a été présenté et décortiqué, qui est super inspirant et qu’on a envie de partager avec vous. C'est l'histoire de Groupe United, cette "opération" qui est une initiative de British Telecom. Ça parle de quoi ? British Telecom, numéro 1 des télécoms britanniques, constate que pendant la période Covid il y a de plus en plus de "online hate" et "online abuse" donc des "trolls", des gens qui s'envoient des trucs salaces, agressifs, des agressions du net qui deviennent complètement quotidiennes là où les personnes sont enfermées chez elles, et utilisent Internet comme un exutoire, défouloir. Et en fait, au lieu de se dire "Oui c'est vraiment moche ce qui se passe en ligne", ils se disent "On est un opérateur télécom, les gens passent par nos outils et par nos plateformes pour se pourrir et se raconter des tas d'immondices, on n'est pas ok avec ça et non seulement on n'est pas ok mais qu'on doit pouvoir faire quelque chose". Donc ils montent cette espèce de super équipe de super ambassadeurs qui crée une équipe de rêve puisqu'ils sont également sponsor des Home nation en football, donc par le biais de ce sponsoring, ils sont en relation avec pas mal de joueurs de foot qu'ils arrivent à convaincre de rentrer dans cette équipe idéale qui est la "hope united league" qui se bat pour arrêter le "online hate". Ils arrivent à embarquer des supers joueurs de foot dont Bale, dont Marcus Rashford. Plein de joueurs de la première league hyper connus qu'ils arrivent à embarquer dans leur projet pour promouvoir du contenu et des guidelines pour savoir réagir aux critiques et aux messages haineux en ligne, pour savoir comment les éviter, comment les contourner. Eux-mêmes en tant qu'opérateur télécom mettent en place des garde-fous. Ce projet pour le créer, coche un peu toutes les cases de la réussite. Ils ont monté cette équipe, ils en ont fait toute une plateforme de contenus qui a été ensuite détournée, réutilisée et reprise dans des conférences pédagogiques dans des écoles, qui a été utilisée par des professeurs de cours informatique dans les lycées, leur équipe de football fictive a été "endorsed" par FIFA donc merci EA Sports qui a carrément créé la ligue sur le jeu FIFA. Ils ont réalisé des maillots qu'ils ont mis en vente, qui se sont littéralement arrachés, ils ont éclaté leurs records de ventes dont tous les bénéfices ont été distribués à une ONG qui lutte contre le cyber harcèlement. Donc c'est bien au-delà d'une opération comm, tout ça a permis également de pousser un projet de loi, puisqu'ils sont entourés avec des ONG, des juristes aussi, de pousser un projet de loi au British Parliment qui a été soutenu par Boris Johnson lui-même. C'est plus qu'un effet boule de neige, c'est assez incroyable mais ce qu'on retient cette opé c'est "Take a stand" pour comprendre qu'il y a une problématique et qu'on a de quoi agir et qu'on doit agir dedans. Ensuite rester humble et comprendre qu'il faut s'entourer de personnes concernées, des ONG, des groupes des minorités qui ne sont pas respectées, de juristes d'experts à tous les niveaux. Être humble mais lancer l'initiative, accepter aussi qu'elle vous échappe un peu, être surpris face à ce qui n'était pas prévu. Défendre un projet de loi au Parlement, ce n’était certainement pas prévu, voir ces contenus utilisés dans les écoles non plus ! Et cette question du ROI aussi qui boucle un peu la boucle où le directeur marketing de British Telecom nous dit "Si on demande le ROI de cette opé, je n'ai pas du tout fait plus de ventes de forfaits grâce à ça, mais déjà ça nous semblait indispensable et obligatoire de le faire quand dans leur claim de marque c'est "Connecting for good", c'était juste obligatoire de s'imposer là-dessus" et puis je capitalise aussi sur le futur pour une image de marque et ma notoriété, et ça j'ai pas de doute que c'est profitable pour l'entreprise à tous les niveaux". Donc un cas très très inspirant.

C'est vrai que comme on le voit avec le cas Mars et ce cas-là, des entreprises qui ne se prennent pas pour des ONG mais qui, finalement quand ils s'y mettent, ils vont jusqu'au bout. C'est des vraies constructions, des vraies structures et c'est durable. Ce n’est pas fait pour innover, c'est fait pour durer parce que l'entreprise y croit et donc que ça fasse partie de son organisme dans la durée.

Dans ces dynamiques communautaires, qu'est ce qui nous a marquées ? C'était, dans un premier temps, l'observation, comme quoi on ne va plus parler d'un sponsor, on va accompagner les marques, nous agences et entreprises intermédiaires, à comprendre où la valeur se crée, où les contenus se créent.
On a repéré deux types de cocréateurs :

  • On va avoir les cocréateurs de contenu pour les réseaux sociaux, donc là vraiment on est donc social content et donc ces personnes, c'est justement ce qu'on appelait "influenceurs" auparavant, mais la raison pour laquelle on ne va plus les appeler "influenceurs", c'est pour changer aussi la façon dont on envisage de travailler avec elles, c'est vraiment passer du temps pour les connaître et les comprendre et tisser des relations et mieux cocréer.
  • Mais nous avons aussi une deuxième sorte de cocréateurs ça va être plutôt les makers qui vont être les communautés de créateurs plus techniques, parfois plus artistiques qui vont soit être expert d'AR, VR NFT etc.

Dans ce nouveau monde, les agences sont bien placées pour connaître un maximum de talents et pouvoir savoir lesquels vont être les bons partenaires pour agir un petit peu en connecteur entre ces communautés et des marques pour que de vraies relations se créent et puissent progressivement générer de la valeur. D'ailleurs on ne va plus, en tant que marque, se positionner en tant que créateur de communautés parce que c'est vrai que ces dernières années, on va dire cette dernière décennie même, les marques ont beaucoup parlé de "brand community", d'engagement. Elles ont beaucoup parlé d'elles-mêmes finalement. L'idée était d'essayer d'avoir des foules qui s'engagent, des fans mêmes, mot qu'on n'utilise plus, mais désormais on va plutôt se dire "Attendez mais en fait je vais encore, une autre fois, en toute humilité, me positionner sur mes valeurs, mes thématiques mes passions, et là où je peux créer de la valeur mais aller chercher des communautés existantes déjà, venir comme quand on participe à un groupe de passionnés à un meet-up, écouter, attendre d'avoir quelque chose à dire vraiment, se faire des amis et peut-être si on nous autorise à être sur ces plateformes, ou dans ces cercles, commencer à prendre sa place dans ces multi cercles communautaires" plutôt que d'essayer de dire "J'ai ma brand community à moi".

Et en parlant de cercles et de communautés, on a eu un énorme coup de cœur pour les trois "Twitcheuses" qu'on a vu. Pourquoi ça nous intéressait ? Trois "Twitcheuses" qui s'exprimaient librement sur la notion de communauté et pourquoi elles sont sur Twitch plus qu'ailleurs. Déjà un premier truc, c'est que ces trois "Twitcheuses" là sont chacune emblématique de micro-communautés. Déjà on parle de "Twitcheuses" et pas de "Twitchers" donc on oublie l'idée du gamer qui est un gros geek, qui est un mec chez lui, tout seul qui mange du pop-corn. Là c'est 3 petites nanas qui sont complètement étonnantes. Il y a Psyche qui a des cheveux violets et qui est donc gameuse twitcheuse mais qui en même temps a la particularité d'œuvrer pour la visibilité de la communauté LGBTQIA+. Il y a Ebonix, qui est également une Twitcheuse pour la communauté des personnes noires et Kolo Jones qui, elle, œuvre pour la communauté des personnes ayant des handicaps puisqu’elle-même, c'est assez incroyable, elle joue et elle stream en live en jouant avec ses pieds. Pourquoi je décris leur particularité ? Ce n’est pas seulement parce-qu'elles en ont, mais c'est parce-que chacune dans ses streams à au moins organisé une à deux fois par an une "charity" pour des ONG en lien avec elles-mêmes ou leurs combats. Elles sont super émouvantes, super sincères, elles nous ont beaucoup plu. Et justement, je crois, c'était Kolo Jones qui racontait que les marques qui essayent de lui envoyer des cadeaux pour qu'elle en parle etc. ça ne la touche pas tant que ça. Mais finalement il y avait ce private joke avec ses audiences sur "à quel point les pommes de terre c'est la vie", et un jour elle a juste reçu un sac de patates et d'être heureuse, et toute la communauté était mort de rire. Mais ça, c'est des notions qu'on a que quand on passe vraiment temps avec ses communautés là. Et en parlant de passer du temps ensemble, ce qu'on a trouvé chouette, c'était quand on les entendait parler de cette vie communautaire, de ce qui se passe autour, elles avaient l'air de dire "En fait, nous on se réveille tous ensemble sur Discord, on se dit bonjour avec le café matinal, on passe la journée là et après on se donne rendez-vous sur Twitch parce-qu'il va y avoir une partie et puis le tout, qui a été capté, sera partagée sur Youtube". Donc pour eux, elles se considèrent Youtubeuses mais pour elles ce n’est pas très vivant, ce n'est pas une vraie relation forte qui se vit là. Et donc vraiment, on a l'impression que c'est du co-living digital ! Il y a des gens en méta quelque part, et donc c'était vraiment un des points-clés de se dire que la communauté se construit et vit ensemble déjà.

Et peut-être, en parlant de communauté, finir sur une entreprise quand même qui à la communauté dans son ADN. C'est Co-op, dans une autre conférence, cette notion qui nous a marqué : c'était les "member pioneers". Un de ces acteurs clés de la boîte racontait qu'ils ont à peu près 1000 member pioneers à travers le pays, en Angleterre. Ces "member pioneers", c'est qui ? C'est à la fois des consommateurs et des personnes qui se sont engagées aux côtés de Co-op, qui dans leur district, dans leur région, vont passer du temps avec l'habitant, avec les différents cercles humains qu'il va y voir. Ils vont essayer d'être au courant des besoins pour pouvoir remonter ces informations à Co-op et dire "voilà il y a des insights, il y a des besoins, des frictions dans la vie du quotidien de cette population. Qu'est-ce que Co-op peut faire pour venir peut-être organiser une sorte de sharing economy, un soutien, développer de nouvelles solutions pour la vie ?" Donc la boîte ne s'arrête pas uniquement à ce besoin de vendre ou d'attirer des investisseurs ou autre, c'est vraiment on va vivre avec la communauté, et on va même donner la responsabilité à certains de ses membres de pouvoir remonter des informations pour qu'on passe du temps ensemble. Et bien sûr Co-op ne s'en cache pas, si ces "member pioneers" sont bien repérés par l'habitant, bien sûr que ça va rejaillir sur l'image de l'entreprise et au final leur apporter des revenus, permettre de se renforcer. Mais ce n'est pas interdit, on n'est pas en train de diaboliser le business, c'est juste mieux faire les choses ensemble.

Finalement, j'ai l'impression qu'on a vu beaucoup de choses sur le méta et tout ce qui relève de ces nouveaux univers qui semblent hyper virtuels, quand on entend les communautés, quand on parle de gaming, quand on parle de méta. Tout ça a l'air très très virtuel, là où finalement, la réponse qu'on a un peu l'impression d'apprendre et d'entendre en tout cas, c'est "take a stand" mais "take action", de vraiment justement rentrer dans le concret, écouter ses communautés mais pour permettre de changer de monde. On n'est plus juste dans des trucs de posture ou de raconter, on est vraiment dans le faire quoi ! Et je trouve ça assez fort et assez tangible dans tout ce qu'on a entendu.

Ce qui très intéressant aussi, c'est qu'on se pose tous des questions, nous agences aussi, on se pose des questions sur le rôle à jouer dans le monde actuel, les marques aussi et quelque part, l'erreur à ne pas commettre ou peut-être par perfectionnisme, c'est d'attendre d'être parfait avant de parler ou de faire. Donc le point qui a été relevé dans quasi toutes les conférences, et c'est peut-être pour ça qu'on ne l'a pas forcément dit, c'était le point de se dire "soyez transparent, dites ce sur quoi vous n'êtes pas encore bons. Dites-le clairement et tout le monde vous pardonnera parce-que qui est parfait ? Quelle entreprise est parfaite ? Quel humain est parfait ?". Dites là où vous n'êtes pas bon, dites là où vous êtes en train d'agir et mettez vos objectifs mais surtout demandez aux acteurs légitimes, aux ONG, aux activistes qui sont là, comment est-ce qu'on peut vous aider et à partir de là, on reste des business. Donc on va s'impliquer avec notre statut d'entreprise, en essayant de rester aligné avec ce qui nous permet d'être viable et pérenne.

"Do the right thing, take a stand", restez humble et connectez vous. Finalement c'est l'humain et le relationnel... et de ne pas faire les choses gratuitement mais juste de les faire. De se lancer, de ne pas attendre d'être parfait. Ça incite à la dynamique !